1. « La CNT
en la Revolucion española » de José Peirats. Vol. 1, Toulouse, 1951, réédité
Paris, 1972.
2. « Por qué
perdimos la Guerra » de D. A. de Santillan (Buenos Aires, 1940).
3. Le
nouveau premier ministre, Azaña «promulgua aussitôt un décret libérant
quelque 15 000 hommes toujours détenus depuis le soulèvement d’octobre. En
de nombreux endroits, on les avait déjà remis en liberté sans que les autorités
locales eussent osé s’y opposer » (Le Labyrinthe espagnol, 196.2, p. 211).
4. Dans «Historia
de la Segunda Republica Española » (Mexico, 1960), Victor Alba décrit la
situation après 18 mois de république : « Les provocations de la Droite et
les indécisions de la Gauche eurent pour résultat la mort de, 400 personnes,
dont 20 appartenaient aux forces de l’ordre, 3 000 personnes furent blessées,
9 000 emprisonnées, 160 déportées; il y eut 30 grèves générales et 3 600
grèves partielles, 161 périodiques furent suspendus, quatre seulement étaient
des publications de droite » (page 147).
5. Le
lecteur pourra consulter Peirats, op. cit., qui reproduit un discours fait par
Juan Peiro, membre dirigeant de la CNT en 1931, à un congrès de la CNT où fut
discutée la position de la Confédération dans les événements politiques qui
entraînèrent la proclamation de la République. Dans ce discours, Peiro révéla
les plus fantastiques négociations « dans les coulisses » qui s’étaient
faites entre les politiciens et il les justifia toutes. Par la suite, Peiro fit
partie des syndicalistes scissionnistes (Les trentistes) qui furent ensuite réintégrés
dans la CNT, au Congrès de mai 1936, et il devint ministre dans le gouvernement
Caballero. Après la défaite, il alla en France, il fut arrêté par la
Gestapo, remis au régime de Franco et exécuté.
— (Il fut
livre, ainsi que Companys, à Franco, par Pétain. On lui proposa la vie sauve
s’il entrait dans les syndicats phalangistes. Il refusa et fut fusillé à
Valence en 1942 (N. d. T.).
6. Santillan
qui fut un chaud partisan du Front Populaire, voyant en lui le seul moyen de résister
à « l’ennemi » écrit dans « Por qué perdimos la Guerra » : « Pour la
lutte effective dans les rues, pour l’utilisation des armes et pour vaincre ou
mourir, il n’y a pas de doute que notre mouvement était pratiquement le seul
sur lequel on pouvait compter (il est clair qu’il se référait à la
Catalogne où la CNT était en majorité par rapport à l’UGT et aux partis
politiques. Un Comité pour la coordination avec la Généralité (le
gouvernement catalan) fut formé, auquel je participai avec d’autres amis bien
connus pour leur décision et leur héroïsme. Outre l’espoir d’une possible
collaboration, nous pensions que, étant donné notre attitude et notre activité,
les armes et les munitions ne nous seraient pas refusées, puisque la majeure
partie de notre réserve et des petits dépôts de munitions avaient disparu après
décembre 1933 (dans la révolte qui avait suivi les élections de novembre 1933
et durant le « bienio negro » - les deux années noires de la dictature
Lerroux, Gil Robles) ». Mais en dépit de continuelles et laborieuses
tractations, le Gouvernement refusa les armes au peuple, il répondit qu’il
navait pas d’armes ! Et Santillan ajoute ensuite : « L’action directe donna
ce que nous n’avions pas réussi à obtenir des pourparlers avec la Généralité.»
Ici
l’auteur se réfere à une audacieuse action des membres de la CNT qui
s’emparèrent d’un certain nombre d’embarcations ancrées dans le port de
Barcelone pour s’emparer de fusils et munitions (nous n’avons pas trouvé
les citations dans l’original, N. d. T.).
7. A lépoque
où nous écrivions ce livre, il ne nous fut pas possible de consulter les actes
du Congrès publiés dans « Solidaridad Obrera », N 1265-83 (Barcelone, 3-24
mai 1936). Ils sont à nouveau publiés hebdomadairement dans le journal CNT
(Toulouse, 1954) et bien que la publication n’en soit pas encore complète, il
est évident que les opinions étaient nettement divisées entre les interprétations
anarchistes et syndicalistes. Dans la lutte des Asturies d’octobre 1934 on ne
put se mettre d’accord, même pas sur la situation. En lisant ces, comptes
rendus, on s’aperçoit d’une profonde division. de la CNT et de nombreuses
critiques du développement politique et révisionniste de la Confédération,
et en même temps, d’un désir largement, répandu de chercher une base et une
unité communes dans la lutte qui se présentait à eux. Une analyse attentive
des discussions menées à ce Congrès contribuerait à expliquer le rôle
collaborationniste de la CNT en 1936.
8. La
traduction anglaise du « Programme d’Unité d’Action entre l’UGT et la
CNT » fut publiée dans « Spain and the World » (No 33, 8 avril 1938). Un numéro
précédent du même journal (No 31, 4 mars) publia les textes des propositions
originales exposées respectivement par l’UGT et la CNT en vue de cette unité
ainsi que des commentaires critiques de ces propositions faits par la militante
anarchiste Emma Goldman et par la Fédération Anarchiste Espagnole.
9. Même le
professeur Allison Peers, qui, implicitement sinon ouvertement, préfère Franco
aux anarchistes et à la Révolution sociale, écrit dans « Catalonia Infelix
» (Londres , 1937) : « A 3 h 50 du matin le 19 juillet, la première des
garnisons de Barcelone se souleva. Partant de la caserne del Bruc, dans le
quartier de Pedralbes, les troupes avancèrent rapidement en descendant la Gran
Via Diagonal. Un contingent se, dirigea sur Urgell : après l’institut
industriel dans la longue rue qui porte le nom des Cortes catalanes et occupa
l’université, une partie de la Plaça de Catalonya et un certain nombre de
rues et places avoisinantes. Un autre contingent avança et fit sa jonction avec
les troupes des rebelles, venant de la caserne Girona dans le quartier Grecia et
de la caserne d’artillerie de Sant Andreu plus au nord. Au même moment les
soldats de la caserne de Numancia occupaient la Plaza de España, au pied du
Montjuich et, avançant vers la mer, rejoignaient plusieurs contingents qui
venaient de la caserne Icaria dans le port, et de la Comandancia General près
du monument à Colomb. Toute l’action lut magnifiquement exécutée et, vu le
grand nombre de soldats, de gardes et de policiers, on pouvait croire que le
succès serait certain » (p. 243-244, souligné
par l’auteur).
10. Peirats
remarque que, dans le combatau corps à corps dans les rues de Barcelone, la
discipline de l’armée ne fut pas toujours observée et que des soldats, face
au peuple, furent subitement influencés et beaucoup retournèrent leurs armes
contre leurs officiers.
11. Il est
assez curieux que les chefs de la CNT et de l’UGT aient ordonné le retour au
travail pour tous, sauf pour les membres des Transports. Le prolétariat de
Valence, cependant, refusa de suivre tant que les casernes ne seraient pas
prises et les soldats désarmés.
12. Carlos
de Baraibar dans un article publié dans la revue Timon (dirigée. par D. A.
Santillan), No 2, Barcelone, juillet 1938.
13. Pour éviter
des confusions à certains lecteurs qui ne seraient pas au courant, précisons
qu’en Espagne il y avait deux gouvernements : le gouvernement central siégeant
à Madrid, ensuite transféré à Valence, et la Généralité qui était le
gouvernement de la province autonome de Catalogne. Sous le régime de Franco
l’auionomie catalane a été abolie.
13 bis. «
Mozos » : gardes de la Généralité (N. d. T.).
14. Citation
de Peirats : pages 164-165. La version Santillan de l’entrevue est, en
substance, la même en ce qui concerne les conclusions, mais il ne cite aucune
des observations de Companys. Pour respecter la vérité, il faut observer que
Peirats ne cite pas entièrement le récit de Garcia Oliver. Le texte complet se
trouve dans « de Julio a Julio, un año de lucha » (Valencia, 1937), pages
193-196. Il y a une importante omission dans les citations de Peirats, Garcia
Oliver affirme ce qui suit : « Nous avons été appelés (par Companys) pour écouter.
Nous ne pouvions nous engager sur rien. C’était à notre organisation de
prendre les décisions. Etnous l’avons dit à Companys. Le destin de
l’Espagne - et on jugera de la vraie grandeur du rôle joué par Companys et
par notre organisation lors de cette rencontre historique - se décida en
Catalogne, entre communisme libertaire, ce qui signifie dictature anarchiste, ou
démocratie, ce qui signifie collaboration » (souligné par l’auteur).
Encore
maintenant, nous n’avons vu aucune preuve documentée qui démontre que les «
décisions » auxquelles se réfère Garcia Oliver, aient été prises en effet
par les « organisations ». Toutes les preuves nous disent que ces décisions
furent prises par les comités de la CNT-FAI sans consultation préalable des
syndicats et des groupes.
15.
Avons-nous raison d’affirmer que, si nous voulons le succès de la révolution
sociale, il est nécessaire d’aboilir tout vestige du capitalisme propriétaire
et du pouvoir bourgeois? Si nous l’admettons, il serait de la plus grande naïveté
de laisser des centaines de tonnes d’or aux mains d’un gouvernement ou
d’une classe gouvernante, sans cela impuissant. Si toutefois, ayant la
possibilité de s’emparer de l’or, on n’entreprend aucune action, il
s’agit seulement d’une erreur. Peut-on dire qu’en Espagne les travailleurs
espagnols étaient en mesure de le faire ? José Peirats dans le premier volume
de « La CNT en la revolucion » consacre quatre pages à la réserve d’or,
non pour dire ce que fit la CNT à ce sujet mais pour déplorer que, à l’insu
de tous, le gouvernement Caballero ait envoyé 500 tonnes d’or en Russie !
Santillan fournit davantage de renseignements dans « Por qué perdimos la
Guerra » quand il dit au sujet du refus de Madrid d’accorder des fonds à la
Catalogne :
« Notre
guerre devait-elle être la première à être perdue par manque d’armements
alors qu’il y avait de quoi en acheter avec le trésor de la Nation ? Entre
temps, l’ennemi, après le désastre de Talavera, avançait très
dangereusement sur Madrid. Un projet pour prendre ce qui nous revenait fut conçu.
Le trésor de la Banque d’Espagne ne pouvait être laissé aux mains d’un
gouvernement qui ratait toutes les occasions et était en train de perdre la
guerre. Allions-nous aussi échouer dans l’acquisition de l’armement ? Nous
étions sûrs au moins de ne pas échouer dans l’acquisition de matières
premières et de machines pour notre industrie de guerre, faisant nous-mêmes
notre armement. Avec une complicité réduite nous esquissames l’idée de
"transporter en Catalogne au moins une partie de l’or de la Banque
d’Espagne. Nous savions d’avance que nous devrions employer la force et nous
plaçâmes 3 000 hommes de confiance près de Madrid. Tous les détails de
transport par trains spéciaux étaient prévus. Si ce plan avait été bien exécuté,
sa rapidité aurait permis avant que le Gouvernement eût pris des mesures,
d’acheminer une partie de l’or national vers la Catalogne, ce qui était, la
meilleure garantie d’un nouvel élan dans la guerre. Mais au moment d’agir,
aucun dés promoteurs du plan ne voulut prendre la responsabilité d’un geste
qui aurait eu une grande. répercussion historique. Le plan fut communiqué au
Comité National de la CNT et aux camarades les plus connus. Il glaça d’épouvante
les amis. Le principal argument opposé fut qu’il augmenterait lanimosité qui
régnait contre la Catalogne. Que pouvait-on faire ? Il était impossible de se
battre aussi avec sa propre Organisation et il fallut abandonner. Quelques
semaines plus tard, l’or partit de Madrid, non vers la Catalogne, mais vers la
Russie : plus de 500 tonnes !...» (p. 112-113).
Il ne paraît
pas qu’il existe quelque démenti à ce récit de Santillan qui, s’il est véridique,
traduit autant la prudence que le manque de prévoyance des dirigeants de la
CNT.
Et nous
devons renvoyer la question jusqu’à ce que soient disponibles les documents
ou les informations ultérieures qui confirmeront ou non nos conclusions.
16. «
Militant Anarchism and the Reality of Spain » de Federica Montseny (Glasgow,
1937). « Réflexions on Federica Montseny’s Address » de Max Nettlau (XXX)
publié dans « Spain and the World », Vol. I, No 6, Londres, 19 février 1937.
17. Il
serait intéressant par exemple de connaître les objections de la CNT aux
propositions de Largo Caballero, en 1934, en vue d’une alliance des
travailleurs (Alliance Ouvrière) que Gerald Brenan décrit comme une sorte de
Front Populaire limité aux partis de la classe ouvrière et organisé
localement. G. Brenan explique ainsi le refus de la CNT : « L’animosité
entre les deux syndicats était vive, les anarchosyndicalistes refusant de
croire que les socialistes pourraient se renouveler aussi rapidement et avoir
aussi des instincts révolutionnaires après cinquante ans de domesticité. Ils
se méfiaient aussi beaucoup de Largo Caballero qui leur avait toujours été
hostile. Ils s’entendaient mieux avec l’aile droite du parti, avec Prieto »
(Labyrinthe espagnol, p. 193 et 194).
18. La
CNT-FAI participant au Gouvernement de Catalogne, non seulement souscrivait à
la déclaration politique comportant la phrase : « ...création de milices
obligatoires (milicias obligatorias) et renforcement de la discipline », mais
en septembre 1936, à une Assemblée Nationale des Comités régionaux présidée
par le Comité National de la CNT, une délibération sur la constitution d’un
Conseil National de Défense contenait la demande de « création d’une Milice
de Guerre fondée sur la conscription (con caracter obligatorio) ». Il n’y a
pas de doute que les chefs de la CNT, qui ne voulaient pas, même au prix de
s’anéantir, obliger par la force le peuple espagnol à l’anarchisme, étaient
cependant prets à contraindre le peuple à combattre Franco pour le compte du
Gouvernement.
19. « De
Companys a Indalecio Prieto. Documentacion sobre las industrias de Guerra en
Cataluna » (Buenos Aires, 1939).
Ce volume de 90 pages contient de nombreux documents, notamment une lettre de
Companys (Président de la Catalogne) à Indalecio Prieto (Ministre de la Défense
Nationale du Gouvernement central) dans laquelle il démontre par les chiffres
la contribution de l’industrie de guerre catalane à la lutte armée,
soulignant qu’on aurait pu obtenir beaucoup plus si le Gouvernement central
n’avait pas refusé les moyens pour accroître cette industrie. D’autres
documents traitent des résultats obtenus par la CNT dans l’industrie de
guerre catalane. Les statistiques montrent les quantités produites, et
appellent l’attention sur le fait que, durant cette période, la Catalogne
avait produit des articles qui n’avaient encore jamais été fabriqués en
Espagne. On y trouve enfin le rapport sur les «Tentativas de acuerdo entre
Cataluña y Madrid» d’où est tirée notre citation.
20. Les
communistes prétendaient avoir 30 000 membres fin 1935. La plupart des
observateurs, comme Borkenau et Brenan, indiquent comme chiffre plus probable 3
000. C’est également l’opinion du général Krivitsky qui était
directement intéressé aux activités du parti durant la lutte contre Franco.
Frank Jellinek dans The Spanish Civil War (Londres, 1938) (procommuniste)
donne une idée de la faiblesse du PC espagnol: «il faut reconnaître que les
communistes, bien que jusqu’alors insignifiants (octobre 1934), avaient
augmenté de 500 fois le nombre de leurs membres» (souligné par nous).
Combien devaient-ils être avant!
21. Cette
propagande visant l’inactivité du front aragonais fut utilisée par les
communistes dans le monde entier pour discréditer les anarchistes. On la
trouvera en Angleterre dans l’opuscule du PC: «Spain Left Critics» de J.R.
Campbell, qui poursuit en détail la campagne du PC espagnol contre le POUM qui,
disait-on, cherchait à créer une scission entre les anarchistes et les
communistes. En même temps Campbell fait d’injurieuses allusions au front
d’Aragon.
22. Selon
Peirats. Le lecteur se rappelle que dans une citation précédente, tirée du «Labyrinthe
espagnol», sur les rapports entre Caballero et la CNT, l’opinion inverse était
exposée. Nous croyons que Peirats comme Brenan décrivent la situation telle
qu’elle existait à l’époque où ils en parlaient (1936 et 1934).
L’attitude des chefs de la CNT-FAI envers les politiciens éclaire d’une
manière intéressante leur appréciation de la politique. Caballero, tout comme
Companys, avait été responsable de l’emprisonnement d’anarchistes, mais
aucune des parties ne considérait cela avec honte ou chagrin. La chose semblait
acceptée comme faisant partie du jeu politique, pour lequel aucun ne gardait
rancune à l’autre. Ainsi, en juillet 1936, la CNT en Catalogne pouvait déclarer
sa foi «en la parole d’un Catalan démocratique (Companys)», et à
l’occasion, de la prise du cabinet de mai 1937 refuser de participer à un
gouvernement central dans lequel Caballero ne serait point Premier ministre. On
ne peut faire moins que constater que les chefs de la CNT-FAI étaient
politiciens dans l’âme.
23. Ces
quatre ministres du Gouvernement Caballero ont relaté leur activité dans leurs
ministères respectifs en de grandes Assemblées publiques. Ces comptes rendus
ont été publiés sous forme de brochures.
Il ne semble
pas que les Ministres de la CNT-FAI du Gouvernement Catalan aient fait de tels
rapports mais nous avons trouvé deux relations de Santillan publiées dans la
revue Timon (Barcelone, août 1938) qui sont remarquablement intéressantes. «Comme
gouvernants, écrit Santillan, nous ne sommes pas meilleurs que les autres et
nous avons déjà prouvé que notre intervention dans les gouvernements ne sert
qu’à renforcer le gouvernementalisme et en aucune façon à renforcer
les droits des travailleurs contre leurs ennemis parasitaires économiques et
politiques.» Ailleurs, il déclare
qu’il faut avoir confiance dans le peuple et le servir. « Mais nous ne
pouvons servir simultanément deux patrons. Si nous sommes avec le peuple, nous
ne pouvons être aussi avec l’État qui est l’ennemi du peuple. Et au moment
où nous sommes du côté de l’État on peut dire que nous sommes contre le
peuple...»
24. Ce front
tenu en grande partie par des membres de la CNT-FAI était considéré par les
anarchistes comme de grande importance stratégique avec, pour objectif ultime,
la réunion de la Catalogne au Pays Basque et avec les Asturies, c’est-à-dire
une jonction de la région industrielle avec une importante source de matières
premières.
25.
Ildefonso Gonzalez, dans une série d’articles sur «Il Movimento
Libertario Spagnolo» publiés dans la revue anarchiste Volontà
(Naples, vol. 9, nos 6-9, juin-septembre 53; en brochure, Naples,
1953, p. 14). L’auteur est un militant de la CNT en exil. Ces articles sont
une importante contribution à la compréhension des différentes sections et
des diverses influences du mouvement libertaire espagnol. Aucun effort
n’est fait pour masquer les faiblesses du mouvement et l’étude
comprend un certain nombre de documents intéressants, particulièrement sur la
FAI.
26. Peirats,
dans « La CNT en la Revolucion Española », Vol. II (Toulouse 1952),
donne une liste incomplète de plus de cinquante périodiques de la CNT-FAI
publiés durant cette période en plus des quotidiens.
Voir aussi
l’intéressant article de Juan Ferrer sur «El ciclo emancipader de
Solidaridad Obrera» (SO Paris, 2 décembre 54). Selon lui, la moyenne du tirage
de S.O. avant juillet 1936 était de 7 000 numéros. En 1957, elle était montée
à 180 000 par jour.
27. Toute
propagande financée par l’Office de Propagande devait observer les directives
officielles ou bien renoncer à être subventionnée. On en a un exemple avec
l’excellent périodique «Espagne Antifasciste» publié en France et qui eut
une grande diffusion parmi les ouvriers et les intellectuels français. Des
qu’il osa critiquer la politique des chefs de la CNT-FAI, les subventions
furent suspendues et le journal, sans cesser complètement sa publication, fut
considérablement réduit dans son format et n’eut plus la vaste influence antérieure.
Dans une lettre de Barcelone (février 1937), le militant italien, Camillo
Berneri, écrit que «le numéro 8 de «Guerra di Classe» (hebdomadaire édité
par Berneri) sortira quand il pourra. Le Comité s’est conduit envers lui
comme envers l’«Espagne Antifasciste» et je ne veux pas m’y heurter»
(Pensierie Battaglie, 1938, p. 261-2).
28. Voir la
note 23 relative à l’importance de la presse CNT-FAI. Elle était
essentiellement de propagande et, en conséquence, les nouvelles relatives à la
lutte armée exagéraient les victoires et minimisaient les défaites. Mais la
CNT-FAI n’utilisait pas sa presse pour l’attaque des personnalités des
partis politiques du Front Populaire, ou pour se procurer des avantages
politiques. Elle l’utilisa seulement pour mettre en relief ses propres
personnalités dans l’armée populaire et dans le domaine politique et social.
En fait, on constate qu’il aurait pu être fait beaucoup plus au moyen de la
presse pour gagner des sympathies à la cause anarchiste. L’obsession de
l’unité antifasciste qui régnait dans le groupe dirigeant, ainsi que la
ligne «politique» adoptée par la CNT-FAI rendirent peut-être impossibles des
méthodes anarchistes plus directes. Les partis politiques, au contraire,
n’avaient pas de scrupules à utiliser la presse à des fins partisanes. Et
aucun n’employa sa presse plus efficacement (ou plus malhonnêtement) que les
communistes. Jésus Hernandez,
leader espagnol du PC, dans son livre «La Grande Trahison» (Paris, 1953) écrit:
«Toutes les
forces politiques et syndicales se servaient de la propagande. Toutefois, leurs
éléments n’avaient pas cette ambition collective, et ce sens de la
propagande qui nous poussait à nous faire voir et entendre partout et en tout
temps. D’autre part, nous savions manier mieux que personne l’arme de
l’agitation et influencer les masses pour les pousser vers nos buts
particuliers. Si nous nous proposions de démontrer que Largo Caballero, ou
Prieto, ou Azana, ou Durruti étaient responsables de nos défaites, un
demi-million d’hommes, des dizaines de journaux, des manifestes par milliers,
des orateurs par centaines établissaient comme certaine la malfaisance de ces
citoyens avec un tel acharnement, une telle constance qu’au bout de quinze
jours l’Espagne entière était de notre avis. Quelqu’un a dit qu’un
mensonge dit par une personne est simplement un mensonge; que, répété par des
milliers de personnes, il devient une vérité relative et que, proclamé par
des millions, il acquiert la valeur d’une vérité établie. Il y a là une
technique que Staline et ses complices ont enseignée merveilleusement» (page
114).
29. Par une
curieuse coïncidence, Juan Peiro intitule effectivement son propre discours «De
la fabrica de vidrio de Mataro al Ministerio de Industria». On ne peut pas ne
pas avoir l’impression que Garcia Oliver autant que Peiro considèrent le
changement de poste d’ouvrier à ministre comme une conquête remarquable et
une amélioration de condition et non comme un très grand sacrifice pour tout
ce qui concernait les principes anarchistes.
30. «A Séville,
les sections les plus avancées des ouvriers, des dockers et des garçons de café,
étaient communistes. Le parti et la CNT y étaient en conflit perpétuel,
tandis que l’UGT demeurait neutre... Même si Séville, capitale du flamenco
et de la tauromachie, des tavernes et des bordels, ne se prêtait pas à la
formation d’un mouvement ouvrier discipliné, il faut reconnaître que la pénétration
communiste y avait ruiné tout espoir de solidarité entre les prolétaires.
On le vit bien
lorsqu’en juillet, le général Qeipo de Llano put prendre cette ville,
qui était une position clé avec une poignée d’hommes» (souligné par
nous). «Le Labyrinthe Espagnol», p. 215.
31. F.
Borkenau, ouvrage cité. Ce volume contient un chapitre sur l’Espagne, écrit
probablement fin 1937 et qui présente donc un cadre incomplet du rôle du PC en
Espagne.
32. John Mac
Govern M.P., Terror in Spain (Londres, 1938) Emma Goldman, dans Political
persecutions in Republican Spain (Spain and the world, 10 décembre 1937), décrit
ses visites à de nombreuses
prisons espagnoles en septembre 1937 et elle rapporte que, pour beaucoup
d’entre elles, il lui fut refusé d’entrer.
33. Hugo
Dewar «Assassins at large», (Londres, 1961). C’est
un récit des exécutions hors de la Russie ordonnées par le Guépéou.
Un chapitre traite de ces activités en Espagne.
Jesus
Hernandez «La grande trahison» (Paris, 1953). La première partie de ce
livre, écrite par l’ancien ministre communiste dans le gouvernement Negrin,
traite du rôle des agents de Staline, dans la guerre d’Espagne. Elle comprend
un long compte rendu des persécutions contre les membres du POUM à la demande
de Moscou et l’histoire authentique de l’assassinat de leur leader Andrès
Nin.
34. Augustin
Souchy, Les tragiques Journées de Mai (Barcelone, 1937). C’est la
version officielle de la CNT-FAI, publiée en plusieurs langues. Elle contient
un rapport quotidien de la lutte à Barcelone, mais pas des événements dans
les provinces, suivi de commentaires sur les résultats et, en appendice, du
manifeste complet de la lutte à Barcelone fut publié en supplément à Spain
and the World (Londres, 2 juin 1937, Vol. I, No 14). Voir George Orwell, La
Catalogne Libre (Londres 1938) et (Londres 1937) pour avoir une version indépendante.
Frank Jellinek, The Civil war in Spain (Londres, 1938) pour la
version procommuniste avec toutes les fausses interprétations habituelles.
35. Spain
Organises for Victor. The Policy of the Communist Party of Spain, by
Jesus Hernandez and Juan Comorera. Préface de J.P. Campbell (Londres, 1937).
Ces deux
discours furent prononcés, après les Journées de Mai à Barcelone et durant
la crise du gouvernement central. Le discours d’Hernandez était une longue
attaque contre Caballero pour sa responsabilité dans tous les désastres économiques
et militaires.
36. Ces deux
paragraphes, jusqu’à ce mot, ont été ôtés par le censeur du gouvernement
espagnol quand le Manifeste fut publié pour la première fois dans Solidaridad
Obrera, 13 juin 1937, mais ils furent insérés en totalité dans l’édition
anglaise de la brochure de Souchy, déjà citée. Dans l’édition française
de la même brochure, La Tragique Semaine de Mai à Barcelone, le
Manifeste est entièrement omis.
37. Felix
Morrow, Revolution and Counter Revolution in Spain (New York, 1938).
Souchy — ouvrage cité — rapporte que le 5 mai «un groupe de formation récente
appelé «les amis de Durruti» qui fonctionnait en marge de la CNT-FAI publie
une déclaration selon laquelle «une junte révolutionnaire s’est constituée
à Barcelone. Tous les responsables du putsch, qui agissent sous la protection
du gouvernement, seront éxécutés. Le POUM (le parti marxiste antistalinien)
sera membre de la junte révolutionnaire parce qu’il appuie les travailleurs».
Le Comité Régional décide de ne pas participer à cette déclaration. Les
jeunesses libertaires la refusèrent également. Le lendemain, jeudi 6 mai, le
communiqué officiel fut imprimé dans tous les journaux de Barcelone. Souchy ne
donne pas le texte de la déclaration.
38. Cette thèse
a été avancée en termes violents par Horacio Prieto, déjà Secrétaire
National de la CNT dans un article sur «la Politique Libertaire» (Material
de discussion, Brighton, 15 février 1946).
39. A.
Ildefonso dans la série des articles sur le «Movimento Libertario Spagnolo»
(Volontà, Naples, Vol. 6, Nº 7, 30 juin 1952): «Il est juste de dire
qu’alors les militants les plus fermes des organisations libertaires se
trouvaient sur les différents fronts, et qu’à leur retour ils se trouvèrent
devant le «fait accompli» et qu’en substance ils ne pouvaient voir dans leur
véritable portée le sens de ces transformations tactiques dominés qu’ils étaient
et un peu «impressionnés» par les terribles responsabilités du moment,
soumis totalement par la fièvre que tous ressentaient devant certaines réalisations
concrètes de cette révolution qu’ils avaient rêvée durant tant d’années,
et enhardis par les actions du front.»
40. Sept
mois plus tard, Garcia Oliver, dans un discours aux élèves de l’École
Militaire, déclara: «Officiers de l’armée populaire, vous devez observer
une discipline de fer, et l’imposer à vos hommes qui, étant entrés dans les
rangs, doivent cesser d’être vos camarades pour devenir des rouages de la
machine militaire de notre armée...»
Et en voilà
assez pour l’armée populaire «a base de una concepcion nueva»!
41. Ce sentiment, absolument anti-anarchiste, ne peut être complètement attribué à l’influence de l’UGT dans la rédaction du document. Il reflète la mentalité dominante parmi les chefs des syndicats qui se faisaient l’écho des plaintes des classes moyennes au sujet des «paresseux» qui se trouvaient parmi les travailleurs, et de la nécessité de les punir. Beaucoup plus sensationnelle que cette phrase du document UGT-CNT, est la campagne menée par l’organe de la CNT à Madrid (le quotidien CNT) en faveur de l’émission de cartes de producteurs, dans le but d’éliminer les «paresseux». Ces cartes, selon le «Spanish Labour Bulletin» (New York, 7 juin 1938), «attestant que le titulaire s’est acquitté de sa part de travail pour aider à gagner la guerre, l’autorise à recevoir la carte d’alimentation sans laquelle il n’est pas possible de se procurer de la nourriture». Le slogan populaire, déclare l’organe de la CNT devrait être: «Qui ne travaille pas, ne mange pas.»
42. Prieto,
qui était l’ennemi de son camarade socialiste Caballero, mais aussi des
anarchistes, fut destitué par son ancien ami Negrin, à cause de son «pessimisme»
sur l’issue de la guerre. Prieto dans un discours prononcé au parti quelques
mois plus tard («Como y por qué sali del Ministerio de Defensa Nacional»,
Paris, 1939) déclare que la raison en a été son refus d’être guidé par
les communistes.
43. Selon
Peirats (Vol. III, page 319) depuis 1938 le mouvement libertaire était divisé
en deux principales tendances, «celle représentée par le Comité National de
la CNT était éminemment fataliste, celle que représentait le Comité Péninsulaire
de la FAI constituait une réaction tardive à ce fatalisme». Entre ces deux
positions, une troisième tendance, non circonstancialiste, mais permanente, de
nette rectification de tactiques et de principes était représentée par
Horacio Prieto. Cette tendance, qui proposait de changer la FAI en un parti
politique, chargé de représenter le Mouvement Libertaire au Gouvernement, dans
les organismes d’État et dans les querelles electorales, était le fruit de
toute une politique de compromis idéologique qui, depuis le 19 juillet, avait
autant influencé la CNT que la FAI.
44. En 1938,
par exemple, David Antona, qui était Secrétaire Régional de la CNT du Centre,
fut nommé Gouverneur de la Province de Ciudad Libre (auparavant Ciudad
Real), et on lit que le guerillero Jover, chef de la 28ª Division de «l’Armée
Populaire» réorganisée, reçut l’accolade de Negrin «sous les
applaudissements des soldats» et fut promu au grade de lieutenant-colonel.
45. George
Woodcock dans un long compte rendu publié par le périodique américain «Resistance»
(février 1954) sur «The Spanish Revolution Exemined» et traduite en
italien dans «Volontá» (mai 1954) sous le titre «Esame di une
Rivoluzione». Il faut ajouter que le compte rendu et le livre furent
l’objet d’une violente attaque de J. Garcia Pradas dans une série
d’articles publiés par le journal collaborationniste «España Libre»
(Toulouse, juillet-septembre 1954, Nos 346 à 353 inclus) sous le
titre significatif: Respect à la CNT. Il ne nous semble pas que ces
articles aient beaucoup de valeur, parce qu’ils écartent soigneusement notre
documentation et attaquent nos conclusions avec des arguments fondés sur
l’acceptation aveugle de la politique «circonstancialiste» de la CNT et sur
le refus des principes anarchistes comme seuls moyens par lesquels les
anarchistes puissent atteindre, ou cherchent à atteindre, leurs buts propres.
Ils sont dignes d’être cités, toutefois, comme illustrations «textuelles»
de beaucoup de critiques que nous avons faites à la mentalité autoritaire et
nationaliste, et à la démagogie de nombreux militants espagnols de la CNT.
46. Une
grande partie des documents sur lesquels il faudrait se fonder pour les
informations relatives aux différents Plénums tenus durant cette période sont
simplement les comptes rendus officiels publiés par la Presse Confédérale,
desquels furent éliminés toutes les discussions, controverses ou acrimonies.
Il fallait créer pour le public une impression d’unanimité dans les rangs de
la CNT. Que tout n’allât pas aussi bien fut révélé, par exemple, par les
rapports de Peirats sur le Plénum d’octobre 1938 (Vol. III, page 316), quand
il put disposer non seulement des relations officielles publiées dans Solidarité
Ouvrière, mais aussi des notes inédites d’un membre de la FAI qui était présent.
Pour
l’observateur étranger au mouvement espagnol la procédure de la nomination
des membres des Conseils Nationaux et régionaux et des Sous-Comités créés récemment,
et du Comité Exécutif (en Catalogne) est obscure (à en juger par les
conversations que nous avons eues avec quelques camarades espagnols, elle est
obscure également pour eux). C’est certainement maintenant que quelque lumière
autorisée doit être jetée sur ces importantes questions organisationnelles.
Et en même temps d’autres aspects de la même question pourraient être
examinés: si les membres de base furent représentés directement aux Plénum,
et quels étaient les pouvoirs des délégués. Il serait, aussi intéressant de
savoir combien de délégués au Plénum national d’octobre 1938 occupèrent,
des postes gouvernementaux et municipaux, ou combien de délégués au Pleno
Nacional Economico Ampliado de janvier 1938 eurent des charges de direction
ou de contrôle. C’est seulement quand nous aurons à notre disposition un
tableau un peu plus clair du fonctionnement organique de la CNT à cette période
qu’il sera possible de juger de la responsabilité des membres de base et, également
important, de juger de la valeur des arguments théoriques avancés par les défenseurs
de l’anarcho-syndicalisme.
47. Une
phrase employée par Durruti, le chef des guerilleros anarchistes tués à
Madrid en novembre 1936: «Renunciamos a todo menos a la victoria» (nous
renonçons à tout sauf à la victoire) a été largement utilisée et selon
nous malhonnêtement par les collaborationnistes de la CNT-FAI parce qu’elle
indiquerait que même le grand Durruti était prêt à abandonner les objectifs
révolutionnaires des anarchistes pour une victoire à tout prix sur Franco. Or,
dans aucune des sources espagnoles nous n’avons vu rapporté le texte d’une,
interview donnée par Durruti à un journaliste, Pierre Van Paasen, publié dans
«Star» de Toronto en septembre 1936. Durruti y indiquait clairement et sans
compromis quel devait être le rôle des anarchistes, en refusant de s’écarter
des principes pour des considérations d’opportunité. «Pour nous, il
s’agit de casser les reins au fascisme une fois pour toutes. Oui, et en dépit
du gouvernement.
«Aucun
gouvernement au monde ne combat à mort le fascisme. Quand la bourgeoisie se
voit chassée du pouvoir, elle a recours au fascisme pour le retenir. Il y a
longtemps que le gouvernement libéral espagnol aurait pu rendre impuissants les
éléments fascistes. Au contraire, il temporisa, alla de compromis en compromis
et fit du gaspillage. Même à présent il y a au gouvernement des hommes qui
veulent être prudents avec les rebelles. On ne peut jamais savoir, vous
comprenez», et il rit. «Le gouvernement actuel pourrait avoir besoin de ces
forces rebelles pour casser les reins au mouvement des travailleurs... Nous
savons ce que nous voulons. Pour nous cela ne veut rien dire qu’il y ait dans
quelque partie du monde une Union Soviétique et que pour sa paix et sa
tranquillité les travailleurs allemands et chinois aient été sacrifiés à la
barbarie fasciste de Staline. Nous voulons la révolution ici, en Espagne,
aujourd’hui même et non peut-être après la prochaine guerre européenne.
Aujourd’hui, nous gênons plus Hitler et Mussolini, avec notre révolution,
que toute l’Armée Rouge. Nous montrons aux classes travailleuses, d’Italie
et d’Allemagne, comment traiter le fascisme. Je n’attends pour la révolution
libertaire aucune aide d’aucun gouvernement au monde. Peutètre les intérêts
opposés des divers impérialismes pourront-ils avoir quelque influence sur
notre lutte. C’est très probable. Franco fait de son mieux pour entraîner
l’Europe dans ce conflit. Il n’hésitera pas à nous lancer contre
l’Allemagne, Mais nous, nous n’attendons aucune aide, pas même de notre
gouvernement en dernière analyse.» «Mais il ne vous restera qu’un tas de
ruines si vous gagnez», dit Van Paasen. Durruti répond: «Nous avons toujours
vécu dans des cabanes et des grottes. Nous saurons nous arranger pendant
quelque temps. Car vous ne devez pas oublier que nous savons aussi construire.
C’est nous qui avons construit ces palais et ces villes ici en Espagne, et en
Amérique, et ailleurs. Nous les travailleurs, nous pouvons en construire
d’autres à leur place. Et de plus beaux. Nous n’avons pas peur du tout des
ruines. Nous sommes sur le point d’hériter de la terre. De cela il n’y a
aucun doute. La bourgeoisie peut détruire et ruiner le monde lui-même avant de
quitter la scène de l’Histoire. Nous ici, dans nos cœurs, nous portons un
monde nouveau.Un monde nouveau qui est en train de naître en ce moment.» Cité
dans «Revolution and Counter, Revolutioh in Spain» de Felix Morrow, New
York, 1938.
48. Dans la
lutte pour la direction de la CNT pendant les années qui précédèrent immédiatement
la dictature de Primo de Rivera, les anarchistes accusèrent Segui et ses amis
syndicalistes de montrer une tendance générale au réformisme et d’être
trop prompts à accepter la médiation de l’État dans les questions de
travail. Et cependant Segui est généralement considéré comme une des
personnalités les plus éminentes de l’histoire du mouvement révolutionnaire
espagnol.
49. Voir
Ildefonso Gonzalez. «Il Movimento Libertario Spagnolo», p.14 sur les «Tendances
dans la FAI». Il observe entre autres que «quelques vieux militants pensent
que l’époque antérieure à la constitution de la FAI fut la plus brillante
pour l’anarchisme espagnol, du point de vue de la stricte observance des
principes anarchistes».
50. C’est
lors d’une Assemblée Nationale des Comités Régionaux de la CNT, tenue à
Barcelone le 23 mai 1937, que pour la première fois apparurent des propositions
sous la signature non seulement des Comités Régionaux de la CNT mais aussi du
Comité Péninsulaire de la FAI. «Ce fut un point de départ écrit Peirats,
pour la constitution de ce qui fut ensuite appelé Mouvement Libertaire Espagnol
(MLE), une sorte de fusion de la section syndicale de la section spécifique et
de celle des jeunes qui devait survivre à l’acte final de la guerre et
continuer dans le mouvement clandestin et dans l’exil» (Peirats, II, 287).
51. Juan
Lopez, ex-minîstre du Commerce et important porte-parole de la position
anti-anarchiste et gouvernementale dans la CNT, expose dans une réunion à
Madrid du «Comité National du Mouvement Libertaire» récemment constitué
(dont il était le secrétaire général) les résultats de la collaboration
avec une exceptionnelle franchise (et cela peut s’expliquer du fait que la
date était le 11 mars 1939, le lieu Madrid, la lutte à ses dernières heures,
et les leaders de là CNT se proposaient de liquider les communistes avant d’être
eux-mêmes liquidés) : «Notre position à l’égard du PC: nous avons des
raisons suffisantes pour nous lancer contre eux et les éliminer, mais il est
non moins certain que nous avons autant de raisons de le faire avec les
socialistes et les républicains. La politique du Front Populaire est
responsable de tous nos désastres et de la situation actuelle, même d’un
point de vue international.»
Après cette
confession Lopez traça la politique à adopter, étant donné les circonstances
et ses paroles méritent d’être rapportées parce qu’elles révèlent
clairement l’orientation politique qui domina la pensée et les actions
de tant de leaders de la CNT; une orientation, voulons-nous ajouter, qui menace
les principes mêmes d’une organisation contrôlée par la base
et est en nette contradiction avec eux.
Lopez dit :
«Tout cela étant clair dans notre esprit, pous pouvons avancer notre critique
des Communistes mais en cherchant intelligemment à choisir le moment opportun.
Notre position publique doit être: «Nous ne demandons pas l’extermination du
PC ni d’aucun autre parti, mais nous demandons au contraire que tous fassent
partie du Front Populaire et apportent la plus grande collaboration possible au
Conseil National de Défense. Alors, tout ira bien. Les communistes ne pourront
prendre le pouvoir ...»
(Peirats, III, 378.)
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